Le Bulletin: la petite histoire d’un grand journal!
Sylvain Dupras
En fondant Le Bulletin de Buckingham le 24 juillet 1958, Gérard Bonicalzi était à l ’aube de créer le plus important groupe de presse en Outaouais. Un an plus tard, il fondait La Revue de Gatineau et, en 1961, La Vallée de la Petite-Nation.
Ces trois journaux ont été publiés par différents propriétaires, dont le groupe Transcontinental de 1996 à 2017! Un an plus tard, La Revue fermait ses portes et Le Bulletin et La Petite-Nation devenaient L’info de la Basse-Lièvre et L’info Petite Nation.
« Ce journal est rédigé et imprimé dans notre ville, annonce l’éditeur Bonicalzi. La progression de la ville a amené cette urgence d’un journal français à Buckingham (…). Le Bulletin de Buckingham sera un travailleur pour le progrès concernant les activités du conseil de ville : il défendra les valeurs qui comptent le plus à notre communauté. Il sera rapide à entreprendre une campagne pour le bien. » À la une du premier numéro, Mgr P. Ed Brunet souhaitait la bienvenue au nouveau journal : « Sans doute, Le Bulletin de Buckingham n’a aucunement l’intention ni la prétention de remplacer, du supplanter ou de faire quelque concurrence que ce soit à nos autres si méritants journaux, mais c’est un nouveau soldat, jeune et ardent. »
Dans un cahier spécial sur le 40ème anniversaire du Bulletin, M. Bonicalzi a rappelé que le lancement de ce journal s’était avéré une aventure périlleuse parce que le journal anglophone Le Buckingham Post dominait le paysage médiatique à cette époque. « C’était une ville francophone avec un esprit anglophone, disait-il. On avait un seul conseiller municipal anglophone qui ne parlait pas français et toutes les discussions se déroulaient en anglais au conseil municipal. »
Un travail d’équipe
Le premier journaliste du Bulletin fut Rolland Lafrance qui, en 1959, s’est occupé du lancement de La Revue de Gatineau. Parmi ses successeurs, l’un des journalistes les plus marquants du Bulletin fut Roméo Chartrand. Pendant six ans (1966 à 1972), ce journaliste d’opinion n’a pas craint de casser des oeufs, notamment avec les politiciens. Pierre Jobin, Hélène P. Jobin, Yvan Patry, Bernard Jacques, Hélène-P. Jobin, Jacques Lamarche, Joanne Danis, Marie Vaillancourt, Claude Chénier, Sylvain Dupras, Yves Soucy, Nicole Dupuis, Bryan Kirk, Dino Roberge, Stéphanie Verner, Patrick Voyer et Marie-Pier L’Écuyer se sont entre autres succédé à la rédaction.
En 1979, le tirage du Bulletin a périclité à 1000 alors que le coût de l’abonnement était de 10$ par an. L’année 1983 a marqué une étape importante pour cet hebdomadaire alors que le groupe de presse Publications Dumont, de ville LaSalle, se portait acquéreur des journaux publiés par La Revue de Gatineau, dont La Revue de Papineau à Buckingham, et Le Régional de l’Outaouais, qui était propriétaire depuis peu du Bulletin suite à une transaction survenue avec la famille Lamarche, les propriétaires de La Vallée de la Petite-Nation.
À ne pas manquer : le dossier complet 60 ans
Ainsi, La Revue de Papineau se retire du marché de distribution de Buckingham (et se concentre dans la Petite-Nation) et Le Bulletin de la Lièvre (c’était son nouveau nom depuis 1980) devient La Revue-Le Bulletin. Ce regroupement a permis aux deux hebdomadaires de 12 pages de devenir un hebdo qui publiait alors en moyenne 36 pages par semaine à 7 000 exemplaires distribués gratuitement dans tous les foyers (10 000 exemplaires en 2006)! Le 30 octobre 1984, un an après cette fusion, le journal reprenait son identité du Bulletin. En 1989, le groupe Cogeco achetait Le Bulletin avant de le revendre au groupe Transcontinental en 1996. En plus de Serge et Jacques Lamarche dans les années 70, Réginald Strasbourg, Michel St-Louis et Michel Blais, de 1991 à 2008, et Éric Lafleur ont été les principaux dirigeants du Bulletin.
Le groupe médiatique In Médias, actuel propriétaire, a procédé le 1er janvier 2020 à l’acquisition des journaux Le Bulletin et La Petite-Nation qui appartenaient à Lexis Media depuis décembre 2017.
Au cœur de l’actualité d’ici
Les nouvelles municipales, communautaires et sportives ont pendant toutes ces années occupé une place de choix dans la rédaction du journal. Dans son édition du 22 avril 1965, Le Bulletin rapporte un incendie qui a détruit six commerces sur la rue Principale. « Le 20 avril 1965 sera une date qui marquera le plus grand désastre que la ville de Buckingham ait jamais connu. Le feu a en effet détruit une agglomération de six magasins sur la rue Principale, causant des dommages pour près de 500 000$ », écrivait Pierre Jobin. Le 25 décembre 1974, il est question de la loi créant la nouvelle ville de Buckingham, obligeant une fusion avec les villes de Masson et Angers. Cinq ans plus tard, devant la grogne des citoyens de ces villes regroupées, le gouvernement du Québec faisait marche arrière dans cette décision, en maintenant toutefois la fusion entre Masson et Angers. Le 15 octobre 1975, la grève à l’usine MacLaren de Masson défrayait les manchettes, une première en 42 ans pour ces 400 employés. Le 5 avril 1978, Le Bulletin parlait du nouveau champion canadien des poids légers, un Buckinois de 23 ans, Gaétan Hart. Le 22 avril 1985, La Revue-Le Bulletin publiait en exclusivité une nouvelle qui a ensuite été reprise par les principaux médias de la province : le déversement illégal d’une quantité importante de BPC dans la réserve faunique Papineau-Labelle, au nord de Buckingham, par un transporteur de Plaisance. « Une véritable tragédie pour la faune et la flore », écrivait Sylvain Dupras.
Vous aimeriez peut-être...
Voir plus de : 60 ans
Le Boulev’Art de la Vallée bénéficiera d’un investissement
Le projet porté par Le Boulev’Art de la Vallée (secteur Buckingham à Gatineau) fait partie des 68 projets québécois qui …
Les fusions/défusions auront marqué l’histoire
Difficile de parler de l’histoire de la région sans parler des fusions et des défusions qui ont changé le visage …