Le père du Bulletin a légué un journal en santé
Patrick Voyer
Gérard Bonicalzi vivait depuis longtemps sous les écrans radars lorsque rejoint en début d'année, quelques mois avant son décès, mais le sympathique homme de 81 ans était encore prêt à échanger avec ses amis francophones de l'Outaouais en se rappelant du bon vieux temps! Dernier entretien avec le fondateur du Bulletin de Buckingham, de La Revue de Gatineau et de La Vallée de la Petite-Nation.
Entrevue souvenir
À l’occasion des anniversaires des journaux L’info de la Basse-Lièvre et L’info Petite Nation, nous tenons à republier à titre posthume cette entrevue accordée par le fondateur de ces deux publications à l’occasion de leurs 50 ans. Il est incontournable pour nous de souligner son apport à la presse régionale.
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Aujourd’hui, quand on veut devenir journaliste ou espérer obtenir un poste de cadre dans une entreprise médiatique, on doit étudier dans ce domaine et gravir les échelons. Mais en 1958, les réalités étaient bien différentes et quelle ne fut pas la surprise des francophones de la Lièvre de voir un contracteur en construction fonder le premier journal français de Buckingham! Devant le succès de ce journal, La Revue de Gatineau naît un an plus tard. C’était le début d’une ère prospère pour les publications locales en Outaouais.
« Au début, c’était pour donner le service aux francophones, car c’était anglicisé à Buckingham. Ça créait une certaine tension (chez l’élite anglophone et le lectorat du Buckingham Post), mais les Canadiens-français méritaient d’avoir un journal francophone, vu qu’ils représentaient 80% de la population! », confiait Gérard Bonicalzi, au bout du fil, dans son havre de paix quelque part sur la Rive-Sud de Montréal.
C’est lors d’une séance du conseil municipal de Buckingham que Gérard Bonicalzi a eu l’idée d’offrir ce cadeau à ses concitoyens. « Il y avait un anglophone sur sept échevins et quand il se mettait à parler anglais, tout le monde parlait anglais jusqu’à la fin! », relate-t-il. C’est la goutte qui fait déborder tous les vases: M. Bonicalzi n’en peut plus de cette injustice, de cette absurdité; il prend donc le mors aux dents et dénonce ce dont tous se plaignent tout bas.
L’ardent défenseur de la culture québécoise et amateur d’écriture suscite alors l’intérêt de quelques citoyens et prend la tête de ce projet. Le Bulletin voit le jour le 24 juillet 1958. C’est aussi lui qui fondera La Revue de Gatineau un an plus tard et La Vallée de la Petite-Nation en 1961.
À cette époque, l’informatique ne simplifiait pas la tâche aux artisans des journaux! « Le problème qu’on avait c’était l’ouverture des chemins, on pouvait pas toujours se rendre. Pour imprimer, il fallait se rendre à une telle heure à Gatineau ou à Hull, sinon le journal était nul (n’était pas publié) », explique M. Bonicalzi, qui laissait de temps en temps aller sa plume afin de « faire triompher la plus belle langue », telle qu’il le spécifie.
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