Exploitation sexuelle des enfants en Outaouais
Une meilleure concertation pour avoir des yeux partout
Un financement permettra à la Table régionale en exploitation sexuelle de l’Outaouais (TRESO) d’embaucher une coordonnatrice pour les deux prochaines années pour aider à améliorer le travail de concertation partout sur le territoire et développer des trajectoires de services pour aider les jeunes et leurs familles partout dans la région.
La concertation en Outaouais est présente depuis quelques années, indique Tatou Parisien, coordonnatrice clinique du Centre d’intervention en abus sexuel pour la famille (CIASF). Mais elle se faisait à bout de bras par les organismes comme le Ciafs et ses partenaires.
«L’Outaouais n’avait pas reçu d’enveloppe budgétaire permettant d’avoir les moyens à la hauteur de ses inspirations. L’arrivée de cette enveloppe et l’embauche de la coordonnatrice va permettre de mieux soutenir le plan d’action de la TRESO avec un meilleur leadership.»
Détection
Un des éléments principaux à travailler pour la lutte à l’exploitation sexuelle, c’est la détection des cas. «. Il faut ouvrir davantage de yeux, davantage d’oreilles sur la réalité de nos jeunes, soutient Mme Parisien. Pour ça, on va devoir former davantage de partenaires. Déjà dans les trois dernières années, on a réussi à former 200 partenaires, tous milieux confondus. On veut poursuivre ces formations-là.»
«Il faut s’assurer d’avoir des yeux tout le tour de la tête pour repérer plus vite»
Tatou Parisien
Il y a moyen d’agir avant que la situation soit trop grave, ajoute-t-elle. «Le jeune qui va entrer dans la prostitution juvénile va franchir différentes phases. Il y a un large moment où on peut intervenir avant même qu’il y ait victimisation.»
Si le travail avec les partenaires des organismes est importants, il faut aussi réussir à toucher les parents, mentionne Isabelle Roy, coordonnatrice des services à la protection de la jeunesse. «On doit éduquer la population. Et on doit donner des outils aux parents. Les parents doivent savoir reconnaître.»
Les parents doivent être conscients que le risque est partout. «Tous les gens peuvent être à risque d’exploitation sexuelle, affirme Mme Roy. Les parents ne peuvent pas penser que c’est loin d’eux. Nos jeunes sont sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’envoyer une photo et d’être menacé ensuite sur cette photo-là.»
Certains signes peuvent être précurseurs d’un problème lié à l’exploitation sexuelle. Si le comportement change abruptement, l’adolescent commence à se tenir avec des gens plus vieux, se renferme ou revient avec des produits ou objets qu’il n’aurait pas les moyens de s’acheter.
Aide
L’enjeu avec les jeunes victimes d’exploitation sexuelle, c’est qu’ils ne se considèrent pas comme étant des victimes dans plusieurs cas. «Ces jeunes-là n’ont pas le sentiment qu’ils sont victimes. Eux ils ont l’impression qu’ils ont fait un choix.»
C’est pourquoi il peut être difficile d’approcher ces jeunes. Les deux femmes suggèrent d’ailleurs aux gens qui ont des doutes de faire appel à la protection de la jeunesse. «Le travail de la population, c’est de rapporter les situations. Au pire, ce n’est pas retenu. Ça permet d’augmenter la protection et d’augmenter le filet social autour d’un jeune.»
En même temps, la TRESO travaillera aussi à développer des trajectoires de services avec des partenaires présents sur chaque territoire de l’Outaouais pour accompagner les jeunes et les familles qui sont victimes d’exploitation sexuelle. «Pour s’assurer que le ou la jeune et sa famille soient bien desservis, soit accompagné, soutenu et protéger une fois qu’il a été détecté», souligne Tatou Parisien.
Parce qu’il n’est pas évident pour quelqu’un qui s’est retrouvé dans cette situation de s’en sortir. Et que le travail n’est pas fini une fois qu’on a réussi. «S’en sortir, ce n’est que la première étape. Après, il y a toute la reconstruction. Les conséquences sont dévastatrices pour les jeunes.»
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