Projet de loi C-21 : Quel impact pour les clubs de tir ?
Pierre Pharand se demande si le gouvernement vise la bonne cible
Le projet de loi fédéral C-21 propose de geler la vente, l’achat, le transfert et l’entrée d’armes de poing au Canada. Bien que les détails du projet de loi permettent aux propriétaires actuels de conserver et de continuer à utiliser leurs armes de poing acquises légalement et dûment enregistrées, il pourrait devenir impossible pour de nouveaux adeptes du tir sportif de se procurer de telles armes.
« Si on parle des impacts, c’est sûr et certain qu’à moyen terme ça tue l’entreprise », déclare Pierre Pharand, propriétaire du Club de tir de l’Outaouais situé à L’Ange-Gardien. « Pas de nouveaux clients, pas de nouveaux membres, je ne serai plus capable d’opérer », ajoute-t-il. Il nous confie que plusieurs de ses collègues qui gèrent des clubs de tir similaires au sien formulent les mêmes préoccupations.
« Le gouvernement fédéral veut racheter des armes, va-t-il aussi racheter nos clubs de tir », se demande l’homme d’affaires qui gère son entreprise depuis maintenant 13 ans et qui y a investi plusieurs millions. « Ça va coûter une fortune aux contribuables! », déplore-t-il.
Le projet de loi C-21, en plus de geler la vente, l’achat, les échanges et l’importation d’armes de poing prévoit aussi des clauses de drapeaux rouges et jaunes. Le drapeau rouge permettrait de formuler anonymement une demande aux tribunaux afin de confisquer les armes d’un individu qui pourrait constituer un danger pour lui-même ou pour les autres, ou qui serait soupçonné de fournir des armes à une personne qui fait l’objet d’une interdiction de possession.
Le drapeau jaune permettrait à un contrôleur des armes à feu de suspendre un permis, s’il a un motif raisonnable de croire qu’un individu n’est plus admissible. Enfin, il permettrait de suspendre ou révoquer le permis d’individus qui se livre à de la violence conjugale ou qui pratique du harcèlement criminel.
« Oui, il y a eu des tueries, mais le problème est comme avec l’automobile, c’est la personne qui est derrière le volant et derrière l’arme », soutient M. Pharand qui se dit en faveur d’un resserrement d’enquêtes sur la personne en ce qui a trait à l’obtention du permis de possession et d’acquisition d’armes. Il va jusqu’à suggérer qu’une évaluation de la personnalité du demandeur soit effectuée par un psychologue et un policier à la suite de la réussite du cours de maniement, de sécurité et des exercices de tir.
M. Pharand se questionne à savoir si ce projet de loi n’est pas motivé par une question d’image auprès de certains lobbys anti-armes à feu. D’un côté, le gouvernement fédéral veut modifier le Code criminel et alléger les peines pour certains crimes violents avec le dépôt du projet de loi C-5. De l’autre, il rend la vie plus difficile aux tireurs sportifs, aux cultivateurs et aux chasseurs avec ce projet de loi C-21.
M. Pharand est d’avis qu’interdire la vente et la possession légale d’armes à feu ne constituera pas un frein à la criminalité. Selon le propriétaire du club de tir, les véritables enjeux liés à la violence avec les armes à feu ne viennent pas des adeptes du tir sportif qui respectent les règles et la loi, ni des cultivateurs, ni des chasseurs, mais plutôt de l’importation illégale d’armes. « Certains points de la frontière canadienne sont de véritables passoires », dit-il. Ces armes sont écoulées sur le marché noir et à terme elles vont se retrouver entre les mains de membres du crime organisé qui, de toute manière, n’enregistrent pas leurs armes et ne se sentent pas concernés par le projet de loi C-21, constate M. Pharand.
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