Cohabitation entre les forestières et les pourvoiries
Les pourvoyeurs veulent être impliqués dans les processus de planifications forestières
La Fédération des pourvoiries du Québec (FPQ) profite de l’arrivée des vacances estivale afin de lancer un appel à une meilleure collaboration et cohabitation entre les forestières, le ministère et les pourvoyeurs. Selon la FPQ, l’application de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier serait venue bouleverser l’équilibre et le respect mutuel qui régnait jadis entre les secteurs de la foresterie et celui des pourvoiries.
Les pourvoyeurs ne s’opposent pas au prélèvement forestier, une ressource naturelle importante qui génère d’importantes retombées économiques et de nombreux emplois dans nos régions. Mais les pourvoiries sont, elles aussi, des entreprises qui créent de la richesse, maintiennent des emplois et font vivre des communautés. « Souvent, la pourvoirie est plus rentable que la coupe », soutient Bruno Caron, président du conseil d’administration de la FPQ. On parle de retombées de 249 millions par année, dont une bonne partie vient de l’extérieur du Québec.
« Un pourvoyeur investit beaucoup et il doit organiser sa saison », ajoute-t-il, en expliquant que s’il n’a pas idée où et à quel moment les forestières vont évoluer sur le territoire, c’est toute sa planification qui peut être perturbée. C’est une réalité qui est subie par des pourvoyeurs en Outaouais, ainsi que sur l’ensemble du territoire québécois, confie M. Caron.
La Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier fait en sorte que c’est le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs qui planifie l’exploitation forestière. Dans une grande mesure, la planification se fait sur des cartes, sans tenir compte de la présence d’une pourvoirie, explique M. Caron. « Ils nous consultent, mais une fois que la planification est déjà faite », déplore-t-il.
« On veut une bonne cohabitation avec les forestières. Mais si leur planification est faite et que nous n’avons pas été consultés durant la planification, si nous demandons des révisions et des modifications au plan, nous passons alors pour ceux qui veulent mettre des bâtons dans les roues alors que ce n’est pas le cas », précise M. Caron.
Le 4 juillet, la FPQ a diffusé un communiqué dans lequel on lance un appel aux partis politiques québécois afin qu’ils s’engagent, en vue de l’élection en octobre prochain, à ce que le Règlement sur l’aménagement durable des forêts du domaine de l’État soit modifié. La FPQ veut qu’on y introduise de manière explicite des références propres aux pourvoiries. La FPQ veut ainsi s’assurer du maintien des conditions favorables à la préservation et au développement de leurs activités. Les pourvoyeurs demandent que soit intégrée à ce règlement la notion de plan d’aménagement forestier durable, ce qui obligerait les intervenants forestiers et ceux de la pourvoirie à développer une vision commune et à long terme du réseau routier forestier qui longe et traverse le territoire du pourvoyeur.
Planification du réseau
À ce titre, un exemple parmi d’autres est celui de l’ouverture de nouvelles routes forestières qui ne tiennent pas compte des activités de la pourvoirie. « Plusieurs de ces routes forestières nous nuisent le plus souvent. Ça perce le territoire, ça le rend difficile à contrôler. En plus de défigurer inutilement le paysage, il y a un enjeu de sécurité pour la clientèle et le public », explique M. Caron. Il est d’avis qu’il serait assez simple de procéder à la planification des nouveaux chemins de manière plus concertée.
Bruno Caron est d’avis qu’impliquer les pourvoyeurs dans la planification de chacun des territoires, ce n’est pas compliqué. Sa conviction est que les élus, les forestières, les pourvoyeurs et le public veulent du développement durable. Il souhaite que l’ensemble des partis impliqués dans ce dossier puissent se parler et s’entendre sur les modalités de véritables plans d’exploitation forestière qui tiennent compte de la réalité des pourvoiries.
« En impliquant le pourvoyeur dans la planification, on s’assure que la situation ne se détériorera pas », poursuit M. Caron qui craint que « si rien n’est fait à court terme, il va y avoir de la dégradation économique et la situation deviendra intenable ».
« Faire de la foresterie durable sur nos territoires, les coûts ne sont pas astronomiques et ce sera bon pour tous », conclut-il.
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