Culture
Traces Arts visuels a tenu sa 9e résidence d’artistes à Champboisé
Il y avait une atmosphère de joie, de satisfaction et d’inspiration à Champboisé durant la semaine de résidence qui s’est déroulée du 11 au 17 septembre 2023. Le samedi, le public pouvait rencontrer les 15 artistes qui ont pris part à la résidence et découvrir le Sentier des arts ainsi que les œuvres monumentales qui ornent le site de Champboisé dans la municipalité de L’Ange-Gardien.
Le jeudi 14 septembre, j’ai eu le privilège d’être reçu sur les lieux. Une série d’instants se déroulait là entre une multitude de fractions de seconde qui laissait naître des idées et des œuvres au milieu d’échanges entre les artistes et les membres du conseil d’administration de Traces Arts visuels.
Le président de Traces arts, Claude Wauthier, a bien voulu me conduire jusqu’au cercle de feu, devant un grand chapiteau où les artistes prenaient la pause.
Chemin faisant, il exprimait sans retenue à quel point ce rassemblement l’enthousiasmait, le comblait.
Le moment était propice aux révélations. Deux artistes ont accepté de se confier.
Un art guérisseur
L’artiste interdisciplinaire multidisciplinaire Christine cricri Bellerose produit des performances d’art-action.
« C’est le mouvement en performance, c’est mon corps comme outil directement avec les éléments: le vent, le froid et l’eau, et c’est mon corps qui bouge. »
Celle qui pratique la « somadance écoperformance » confie que d’être en union avec les éléments de la nature procure un aspect thérapeutique à son art.
« Guérir, ça me guérit, révèle-t-elle. Je suis intuitive. Mon travail somatique démarre à partir des connexions de mes sens, le sensible, le système nerveux en relation à ce qui se passe dans mon corps, mes organes, le flux de mon sang, l’oxygène et je peux mettre mon corps en tempo avec le courant de l’eau, de l’air et la résonnance cosmique. »
L’artiste ajoute qu’un second aspect thérapeutique consiste en un détachement quant à son sentiment de supériorité humaine face à la nature.
« Dans le froid, il faut que je me détache et que j’arrête et me réchauffe sinon je vais mourir, donne-t-elle en exemple. Ça m’apporte beaucoup d’humilité et de compréhension qu’on est différents, moi et l’eau de l’océan, moi et le feu, moi et le vent froid et malgré nos différences, on peut se rejoindre. »
L’importance du partage
« L’art sauve et c’est ce qui nous rapproche le plus de notre côté humain et souvent ceux qui en produise sont plus sensible. »
L’artiste peintre gatinoise Maryse Lemay exprime son art au moyen d’œuvres abstraites. Elle souligne l’importance d’une telle rencontre entre artistes à Champboisé.
« C’est un lieu extraordinaire, lance-t-elle. Quand on est dans notre vie de tous les jours, on n’est pas dans la nature, on a plein de préoccupation et là on est un groupe de personnes qui ont toutes à cœur de créer. »
« Ici on est entouré par l’eau, les oiseaux, le ciel, les arbres, ça m’ancre d’être ici et le partage avec les autres, c’est très important », poursuit-elle.
Transcender l’étape de la création
Les deux artistes sont d’avis que le travail de création de l’artiste prend un sens nouveau lors du processus de réception par le public.
« En peinture, tu es vraiment toute seule avec toi-même et tes matériaux et tu développes quelque chose jusqu’à ce que tu sois contente, je suis mon premier public », explique Maryse Lemay.
« L’autre qui regarde avec son propre bagage et ne verra pas du tout la même chose que moi est touché pour toutes sortes de raison, c’est tellement un cadeau, c’est le summum », livre-t-elle.
« Ça fait des années que je m’entraîne en somatique, en performatif et en mouvements avec l’intermédiaire d’un grand tissu pour mettre en présence ce qui se passe, conclut Christine cricri Bellerose. Ce qui est magique dans ce travail, c’est que c’est accessible. Tout le monde avec un bout de guenille, une couverte peut se promener dans le vent et se sentir plein de magie. »
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