Prostitution | Un fonds provincial pour l’embauche d’intervenants communautaires
Québec a annoncé, la dernière semaine d’octobre, l’octroi d’une subvention de 3,88 M$ à plusieurs organismes spécialisés dans l’aide à la sortie de la prostitution, dont le Centre d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles de l’Outaouais (CALAS) qui percevra 112 000$ annuellement pendant quatre ans.
Ces versements serviront essentiellement à l’embauche et les salaires d’une personne à plein temps et d’une autre à mi-temps. Ces ajouts viennent combler les besoins en ressources humaines. Cette subvention servira aussi à couvrir les frais de déplacement des intervenantes, car les filles/femmes en difficulté s’avèrent parfois très isolées.
C’est la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron, qui en a fait l’annonce. La somme de 112 000$ multipliée par quatre s’inscrit dans un total de 2,75M$ (sur les 3,88 M$) destiné à permettre la pérennisation du financement et la continuation du projet du CALAS intitulé « Voix de sortie » créé en 2019.
Les disparités entre Gatineau et la ruralité outaouaise s’illustrent également dans la prostitution. « Je dirais que la prostitution est moins visible dans la ruralité. En milieu urbain, on la voit davantage notamment dans la prostitution de rue qui a toutefois diminué depuis la pandémie. Il y a cette idée que la prostitution se fait au centre-ville. Mais, de plus en plus, l’exploitation sexuelle est moins visible, car le recrutement se fait beaucoup à travers les réseaux sociaux », explique l’intervenante communautaire au CALAS, Émilie Grenon.
La position géographique de notre région figure un élément important dans l’analyse. « L’Outaouais est un secteur à mi-chemin entre les grands secteurs de l’exploitation sexuelle que sont Montréal, Toronto et Ottawa », poursuit-elle.
On parle de condition féminine et cela concerne malheureusement toutes celles âgées de 12 ans et plus. L’âge moyen de l’entrée en prostitution au Canada est de 14 ans.
Beaucoup de préjugés
Fondé en 1977, l’organisme précité les accompagne pour s’extraire de l’enfer et la spirale de la prostitution. « On les aide à se reconstruire dans leur estime d’elles-mêmes, mais il y a plusieurs obstacles pour les femmes qui veulent quitter cette industrie du sexe : le logement, l’emploi, etc. Il y a beaucoup de préjugés et de stigmatisation envers ces femmes marginalisées. Ça, ça les freine », déplore-t-elle.
Ces filles, souligne Mme Grenon, « sont souvent engluées dans des réseaux d’exploitation sexuelle ». En somme, sous la coupe d’un proxénète. Mais « il y a de tout », nuance-t-elle. C’est-à-dire, des personnes isolées qui se prostituent. L’intervenante confirme la diversification des origines sociales. Cela peut étonner, mais le milieu défavorisé ne compose pas la totalité des profils.
L’autre problème : la toxicomanie
Viennent se greffer aux affres de la prostitution les problèmes de dépendance. Comme l’indique Émilie Grenon, d’aucunes se droguent, car elles se prostituent. D’autres se prostituent pour payer leur drogue. C’est également une donnée prise en compte par le CALAS dans leur accompagnement qui vise à retrouver une vie normale et équilibrée : logement et travail/études.
Le CALAS couvre tout l’Outaouais à l’exception de La Vallée-de-la-Gatineau gérée par le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS).
Le CALAS travaille en collaboration avec le Centre d’intervention et de prévention en toxicomanie de l’Outaouais (CIPTO), la Table régionale en exploitation sexuelle de l’Outaouais (TRESO), le Bureau régional d’action sida (BRAS) en Outaouais, des services policiers et tant d’autres entités. « Pour accompagner correctement les femmes, ça prend des partenariats forts et solides », conclut-elle.
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