La situation socioéconomique en Outaouais, avec Marc Carrière
Le 1er novembre dernier, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) publiait un portrait socioéconomique de tous les territoires de la province dans son « Panorama des régions ». Le Journal L’Envol a questionné le préfet de la MRC des Collines-de-l’Outaouais, Marc Carrière, concernant des données du rapport sur l’Outaouais.
(L’Envol) Selon le rapport, la population outaouaise est plus jeune que celle de la plupart des autres régions, mais plus ça avance, moins il y a de ménages qui sont propriétaires de leur logement. Remarquez-vous cela dans les MRC ?
(M. C.) Oui, l’accès à une propriété pour les plus jeunes est de plus en plus difficile. Il y a une bulle en Outaouais, Ottawa, Gatineau, les MRC autour. Il devient de plus en plus inabordable de pouvoir s’acheter une première maison. Particulièrement dans la MRC des Collines, certains secteurs sont plus difficiles.
(L’Envol) Est-ce que c’est quelque chose dont on discute beaucoup entre municipalités ?
(M. C.) C’est une collaboration entre la MRC et ses municipalités. Le taux d’inoccupation des logements est près de zéro dans la MRC des Collines. On a fait un portrait de la situation du logement abordable, on a une stratégie à ce niveau-là et on a même embauché une ressource qui s’occupe uniquement du logement sur le territoire des Collines. Notre chargée de projet en habitation regarde ça avec les municipalités, et certaines ont déjà commencé à modifier leur règlementation. On est là-dedans.
(L’Envol) La proportion du nombre de ménages vivant dans logements inabordables serait plus importante. Diriez-vous qu’il y a deux extrêmes : un logement convenable mais inabordable, et un logement moins coûteux mais ayant besoin d’entretien et de réparations ?
(M. C.) Oui on les vit, mais on ne vit pas que ça. Effectivement, il va y avoir dans le parc immobilier certains logements moins dispendieux dont la qualité peut peut-être laissée à désirer. On le voit partout. On dit toujours qu’on devrait dépenser autour de 30% de notre revenu pour le logement, et il y a de plus en plus de familles qui paient plus que le 30%.
(L’Envol) On imagine qu’avec la croissance démographique de la population outaouaise, la crise du logement va s’accentuer. (M. C.) En fait, la croissance démographique dans la MRC des Collines, je dirais qu’on la vit depuis 30 ans. C’est un enjeu d’urbanisation et c’est un enjeu pour le prix moyen des maisons. À toutes les fois qu’on fait un nouveau dépôt de rôle pour les municipalités, on voit la croissance de la valeur des propriétés. En même temps, l’évaluation des propriétés est très encadrée. C’est la Loi sur l’évaluation [foncière] du Québec. C’est la MRC des Collines qui fait le dépôt de rôle, puis ça doit s’arrimer avec le marché et avec la réalité qu’on vit sur le territoire. C’est pour ça qu’on voit dans des municipalités comme Chelsea une augmentation de 40% dans le prochain dépôt de rôle. Pour Val-des-Monts, c’est autour de 30%, et L’Ange-Gardien, l’an prochain, ça sera autour de 70%. Mais c’est le marché. Je dirais que depuis 5 à 10 ans, le marché est assez mouvementé et vers la hausse.
(L’Envol) Fait assez étrange : on note aussi en général une hausse des emplois disponibles et une hausse des personnes aptes à travailler (donc en âge), mais aussi plus de postes vacants. Pourquoi selon vous ?
(M. C.) Même ici à la MRC on le voit, on est parfois obligé de faire un 2e et un 3e affichage. C’est un phénomène qu’on voit depuis la pandémie. Je crois aussi que toute la question des baby-boomers qui prennent leur retraite fait en sorte que ça fasse une pression sur la rareté de main-d’œuvre.
(L’Envol) Donc oui, il y a une rareté de main-d’œuvre et oui, il y a une difficulté pour les entreprises. Mais que diriez-vous du taux d’activité dans la région ? Dans les MRC en Outaouais, est-ce que ça bouge dans les industries ?
(M. C.) Je pense que oui. C’est sûr qu’il y a des enjeux, par exemple, pour tout ce qui est touristique et restauration. Je parle souvent avec différents employeurs du territoire qui parlent de difficulté de main-d’œuvre.
(L’Envol) La construction serait la principale industrie productrice de biens en Outaouais, mais on entend beaucoup dernièrement que la construction ralentit. Est-ce que ça inquiète les MRC ?
(M. C.) Oui, tout à fait. Avec l’inflation, le prix des matériaux qui a augmenté, etc. ça peut aussi impacter. Je n’ai pas les statistiques, mais on va le voir à la fin de l’année pour chacune des Municipalités du territoire. C’est clair que c’est cyclique. Au fil du temps, ça peut devenir inquiétant.
(L’Envol) Qu’est-ce qui freine le plus l’économie en Outaouais en ce moment selon vous ?
(M. C.) Les taux d’intérêts font en sorte qu’il y a plus de citoyens et d’entreprises qui ont le pied sur le frein. Depuis le début de la récession, les gens sont beaucoup plus prudents dans les investissements.
(L’Envol) En retour, un point positif de la situation socioéconomique des MRC en Outaouais serait ?
(M. C.) Je pense qu’en Outaouais, on est privilégié de notre proximité avec Ottawa, avec la fonction publique fédérale. Dans la MRC des Collines, il y a une croissance. On va continuer à la vivre au cours des prochaines années. L’enjeu de main-d’œuvre et l’enjeu de logements seront de grands défis.
Pour consulter le rapport : https://bitly.ws/ZLvo
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