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Faux départ pour les entreprises locales de loisirs d’hiver

Publié le 7 janvier 2024 par Sabrina Mercier

Le temps chaud et la pluie en début de saison ont bien testé les entreprises locales spécialisées en activités hivernales : le manque de neige en plein temps des Fêtes s'est fait sentir alors qu’on était en mode solution pour contourner le problème.

Jason Baril, propriétaire de Borefüge, avec Comète, chien de tête de son attelage de chiens de traîneau. Photo L'info de la Basse-Lièvre - Sabrina Mercier

Dans la municipalité de L’Ange-Gardien, les propriétaires de deux sites habituellement courus en hiver se sont gratter la tête en réalisant que personne n’était pour « filer sur la neige blanche » en décembre.

Chiens de traîneau cherchent neige pour courir

L’entreprise Borefüge offre de l’hébergement en yourte. L’hiver, les campeurs s’adonnent entre autres à la randonnée en raquette et à la promenade en traîneau à chiens. Depuis le mois d’octobre, les coureurs canins s’exercent sur les pistes pour dépenser leur énergie en attendant la venue de la neige.

« Si la neige peut finir par arriver, on pense pouvoir offrir les promenades en traîneau d’ici la fin janvier », mentionne le propriétaire Jason Baril. Si c’est le cas, Borefüge sera déjà un bon quatre semaines en retard sur son horaire habituel.

L’activité est très prisée, notamment des touristes venus de l’étranger et qui désirent avoir une expérience tout inclus de l’hiver québécois : hébergement dans la forêt et traîneau à chiens. « Près de 90 % des gens qui réservent viennent de l’extérieur, raconte M. Baril. En ce moment, il y en a qui appellent pour le traîneau et on doit leur dire qu’il n’y a pas encore assez de neige. »

Les athlètes poilues ont besoin d’une bonne couche sous leurs pattes pour éviter de se blesser. Le propriétaire estime qu’un 6 à 8 pouces, tapés, est l’idéal. Et encore, plus il y a de passages, plus le fond de piste diminue. Tout au long de la saison, des centimètres supplémentaires doivent continuer de s’ajouter pour permettre aux chiens et au traîneau de circuler.

En grand questionnement

L’arrivée sur le tard de la neige pèse quelque peu sur le moral. M. Baril indique s’être fait proposer, il y a plusieurs semaines, de commencer sa saison aux Monts-Valin : « On aurait emmené les chiens là-bas et on aurait fait faire du traîneau. Mais, il s’est mis à neiger ici, ce qui annonçait un bon début de saison. On est donc resté ». Et, la pluie s’est mise à tomber…

Pour le propriétaire, c’est un revers de plus. Les années COVID avaient amené leur lot de défis avec les restrictions sanitaires. À présent, la hausse des prix de fonctionnement et les températures moins clémentes, entre autres, forcent une nouvelle perspective.

« On songe à peut-être arrêter, laisse-t-il tomber. Les hivers sont de moins en moins là. Au fond, ce sont les yourtes qui nous sauvent ». Une décision qui n’est pas facile à prendre. Passionné des chiens de traîneau, M. Baril offre des promenades aux gens depuis une douzaine d’années.

Plein régime pour les canons à neige

Du côté du Domaine de L’Ange-Gardien, ce sont les nouveaux canons à neige qui ont pris le relais pour mère Nature afin de ne pas décevoir les amoureux des glissades sur tube. Acquis en 2019 pour contrebalancer les effets des changements climatiques, les deux engins ont fonctionné un bon moment, jour et nuit, tant qu’il faisait assez froid.

Même encore, de l’aveu de Julie Deschamps, propriétaire de l’endroit avec son conjoint Sylvain Léger, les gens n’ont pas été au rendez-vous. « Il y a beau avoir de la neige sur les pistes grâce aux canons, partout autour on voit encore des touffes d’herbes. Les gens n’ont pas dans l’idée d’aller glisser dans des tubes », constate-t-elle.

Domaine de L’Ange-Gardien, en date du 4 janvier 2024. Photo gracieuseté – Domaine de L’Ange-Gardien

La saison habituelle commence aux alentours du 23 décembre, juste à temps pour les vacances. Les deux semaines de congés pendant les Fêtes et les semaines de relâche pour les jeunes du Québec et de l’Ontario en mars constituent les périodes les plus profitables en hiver pour la glissade sur tube.

« On avait fait plein de neige en décembre pour pouvoir ouvrir le 23, mais il s’est mis à mouiller », rappelle Mme Deschamps. Le mauvais temps n’a pas réduit à néant les efforts du Domaine pour former ses glissades, mais il les a assurément freinés. À cause de la hausse des températures, les canons n’ont pas pu fonctionner aussi souvent.

« Très tranquille »

Au plus fort de l’achalandage, le Domaine reçoit entre 500 et 700 personnes chaque jour pour essayer les pistes. Lorsque L’info s’est adressé à la propriétaire le 4 janvier passé, seuls 100 à 150 visiteurs étaient présents quotidiennement en ce début de saison difficile.

Il s’agit d’une part importante de revenus pour l’entreprise qui s’envole. Mme Deschamps confirme qu’une bonne saison représente plusieurs dizaines de milliers de dollars. Malheureusement, les intempéries et le manque de neige sont plus courants aujourd’hui. « Maintenant, je dirais que près de deux années sur trois on ne peut pas ouvrir les glissades à la date habituelle », remarque-t-elle.

Le Domaine espère que la température sera de son côté pour le reste de la saison. Le site comprend aussi sa propre érablière, avec laquelle plusieurs produits sont cuisinés sur place et vendus. Puisque 2023 a été une année désastreuse pour les sucres, tous misent sur 2024 pour changer la donne.

Météo encore incertaine

En attendant une quantité suffisante de neige, Borefüge continuera de faire courir ses chiens pour les exercer et pour éviter qu’ils ne s’ennuient. Le Domaine de L’Ange-Gardien, quant à lui, fera fonctionner les canons.

Depuis peu, quelques centimètres de plus ont réussi à recouvrir le sol, et Environnement Canada ainsi que MétéoMédia annoncent des accumulations supplémentaires pour cette semaine. Or, selon les prévisions météorologiques, un redoux est toujours possible d’ici vendredi et des possibilités de pluie sont encore prévues pour la région.

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