Santé en Outaouais
Des enjeux pour la MRC de Papineau, mais moins qu’ailleurs
Le Portrait des inégalités d’accès aux services de santé en Outaouais présenté la semaine dernière par Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) démontre qu’il y a des enjeux dans les MRC de la région, mais que la situation semble moins alarmante pour la MRC de Papineau.
Les chercheurs Bertrand Schepper et Guillaume Hébert ont travaillé sur ce portrait qui est la suite d’une étude réalisée en 2019 qui regardait les inégalités entre l’Outaouais et les autres régions du Québec. «Ces inégalités-là, comment elles se ressentent à l’intérieur de l’Outaouais», explique Bertrand Schepper.
L’étude démontre que c’est particulièrement le cas pour la MRC de Pontiac et la MRC Vallée-de-la-Gatineau. «Papineau, ça va généralement mieux qu’ailleurs», commente-t-il.
Ça se voit en particulier dans l’utilisation de l’urgence pour ces cas qui sont moins prioritaires. «Les gens ont tendance à aller comme la moyenne québécoise aux urgences pour des cas qui ne sont pas prioritaires. C’est la seule sous-région en Outaouais qui est dans cette situation.»
L’étude démontre aussi une présence plus importante de médecin par habitant dans la MRC de Papineau par rapport aux autres MRC. Le chiffre est même supérieur à la moyenne québécoise.
Par contre, d’un autre côté, c’est la MRC de Papineau qui affiche le taux de personne attendant un médecin de famille par habitant le plus élevé dans l’Outaouais.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces deux faits, indique M. Schepper. D’abord, les données pour la présence des médecins proviennent du lieu de résidence. Il n’est pas confirmé que les gens travaillent sur le territoire. De plus, il y a aussi beaucoup de spécialistes, ce qui laisse moins de médecins de famille.
Parmi les autres résultats collectés, la MRC de Papineau reçoit moins de subventions du gouvernement aux organismes communautaires de son territoire que son poids démographique. Selon les données du rapport provenant du Secrétariat à l’action communautaire autonome et aux initiatives sociales (SACAIS), la MRC de Papineau reçoit 4,7 % des subventions pour 6% de la population.
Ce sont les MRC de Pontiac et de la Vallée-de-la-Gatineau qui reçoivent plus d’argent que leur poids démographique alors que Gatineau en reçoit un peu plus aussi. La MRC des Collines en reçoit beaucoup moins.
La proximité de Gatineau pour la MRC de Papineau et des Collines pourrait expliquer ces investissements en moins puisque plusieurs services sont obtenus sur le territoire municipal. «On voit que le rapprochement avec Gatineau a clairement recentré certains services. Mais ça ne veut pas dire que ce sont les mêmes besoins non plus.»
Décentralisation
Alors que ce portrait a été dressé, la balle est maintenant dans le camp du gouvernement, indique Bertrand Schepper. Il est clair toutefois qu’il y a un besoin de décentralisation qui ressort de ce rapport, ajoute-t-il.
«M. Legault a dit récemment qu’il voulait décentraliser le système. Peut-être qu’il va réussir à favoriser une décentralisation et avoir des projets mieux adaptés. Mais il faut quand même dire que c’est depuis 2004 que l’on tente de décentraliser le système.»
Ce dernier ne sait pas ce que l’avenir réserve au système de santé. Il croit toutefois que si rien ne change, les résultats seront les mêmes dans deux ans.
«Nous, on fait un portrait. Ce n’est pas à nous de décider après. Ce que j’espère, c’est qu’on remarque l’importance de la première ligne.»
Invité à commenter, le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais a indiué ne pas avoir de porte-parole pour accorder des entrevues.
Par courriel, l’organisation a indiqué que «l’accessibilité aux soins et services demeure une priorité pour notre organisation et plusieurs actions sont en cours afin d’être le plus ancré possible dans tous nos territoires».
Le CISSSO rappelle aussi l’ajout dans les deux dernières années d’adjoints de communauté sur chaque territoire. «Par ailleurs, nous nous sommes récemment engagés à mettre en place des comités consultatifs dans chacun des territoires d’ici la période des Fêtes.»
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