Retombées sociologiques de la COVID-19
L’exode urbain bénéficie aux MRC de l’Outaouais
Les résultats d’une étude de l’impact pandémique sur la situation socio-économique, récemment dévoilés par l’Observatoire du développement de l’Outaouais, démontrent que les mouvements démographiques ont étonnamment profité aux MRC de la Vallée-de-la-Gatineau, de Pontiac et de Papineau tout en leur causant des problèmes d’adaptabilité.
Pour se préparer à la relance économique, il a été demandé par les acteurs économiques un portrait réaliste de l’Outaouais, en réponse à l’État de situation socio-économique, publié en 2020, qui dresse un portrait pré-COVID. « Avant, on avait déjà ces pénuries de logements et de main-d’œuvre. Ça s’est accentué », glisse le coordinateur de l’Observatoire du développement de l’Outaouais (ODO), Richard Sévigny.
Dans cette étude (par territoire) réalisée par l’ODO, la loupe se focalise sur l’emploi et la main-d’œuvre sérieusement affectés par la pandémie imposant une adaptation et un chamboulement. Trois ans après l’éclosion virale planétaire, certaines habitudes bien ancrées semblent s’inscrire dans la durée. « On ne peut pas prédire l’avenir… Peut-être que la situation redeviendra comme avant, mais un facteur important surnage de notre étude : l’impact du télétravail », indique Richard Sévigny.
C’est une mini-révolution locale qui s’illustre depuis 2020. « L’exode rural, pensait-on, était une réalité qui devait perdurer pendant des décennies, mais la pandémie est venue inverser cela », souligne M. Sévigny.
Une nouvelle dynamique
Si ces problèmes majeurs étaient déjà existants, un chamboulement pointe son nez. « On a remarqué que la dynamique interne outaouaise avait changé. Auparavant, on avait un afflux vers les milieux urbains. À partir de la pandémie, ça s’est inversé. Il y a eu une croissance des milieux ruraux : MRC de Pontiac, de la Vallée et de Papineau et des Collines-de-l’Outaouais», poursuit-il.
L’étude de l’ODO confirme le propos : « en 2019-2020, Gatineau a perdu 1 117 résidents au profit des secteurs ruraux ou périurbains de la région, et ce chiffre a grimpé à 1 703 en 2020-2021. »
Ce gain démographique et économique inattendu a entraîné de fâcheux inconvénients. « Les deux pénuries ont été encore plus importantes dans ces milieux ruraux là », commente le coordinateur.
Une dépendance accrue
Dans cette étude, une plus grande dépendance aux employeurs gouvernementaux a été relevée malgré la volonté de diversification sectorielle. Une dépendance accrue qui découle du télétravail. « Si on additionne les emplois en santé et services sociaux aux emplois fédéraux et provinciaux, on a 45 % de la population active outaouaise qui est dans la fonction publique », concède M. Sévigny.
La démographie, l’élément clé
En Outaouais, la démographie, clé de voûte de toutes les problématiques, s’est trouvée impactée par la crise sanitaire. Parmi les données cruciales, l’on a ceci : « le vieillissement de la population s’accélère et la tranche des personnes en âge de travailler (20 à 64 ans) rétrécit d’autant. Elle est passée de 61,5 % en 2016 à 59,4 % en 2021. »
Les chiffres sont en net recul : « en 2018-2019 avec l’ajout net de 3 862 personnes. […] Le solde migratoire annuel de l’Outaouais est en déclin : en 2020-2021, il est tombé à 2 079 personnes, soit presque la moitié moins que deux ans plus tôt, malgré une augmentation considérable du solde migratoire interprovincial », lit-on dans l’étude de l’ODO.
Il y a une dizaine d’années, l’interprovincial était une composante très faible de la démographie outaouaise. La pandémie en a fait « la principale source des nouveaux arrivants ». On entend par «interprovincial» essentiellement les Ontariens parmi lesquels les Ottaviens font partie.
Gatineau, juste en face d’Ottawa, en a attiré quelques-uns, mais cette manne ne vient pas compenser les départs de Gatinois vers les autres MRC. En outre, la ville accueillait jadis des résidents non permanents (étudiants et travailleurs étrangers temporaires) et attirait les candidats des migrations internationales. Frontières fermées obligent (aux étrangers), Gatineau a été directement touchée.
La municipalité, malgré ses particularités (âge médian de 40,0 ans, l’un des plus jeunes au Québec), est logée à la même enseigne : « le vieillissement de la population s’accélère tandis que le poids démographique des personnes en âge de travailler diminue rapidement […] : de 62 % en 2016 à 60,2 % en 2022 ».
Avec les effets de la crise covidienne s’estompant, peut-être certaines données reprendront-elles leur rythme prépandémique : le retour des migrations internationales à Gatineau, par exemple.
Les résultats d’une étude de l’impact pandémique sur la situation socio-économique, récemment dévoilés par l’Observatoire du développement de l’Outaouais, démontrent que les mouvements démographiques ont étonnamment profité aux MRC de la Vallée-de-la-Gatineau, de Pontiac et de Papineau tout en leur causant des problèmes d’adaptabilité.
Rendez-vous fin mars pour une analyse sectorielle
Le 30 mars prochain à 11h, une session Facebook en direct sera accessible sur la page de l’ODO (en cliquant sur le lien juste au-dessus). Ce sera le dévoilement des résultats par secteur d’activité cette fois-ci.
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