Une recherche de l’INRS
Les impacts possibles d’une inondation sur l’eau potable souterraine
L’Outaouais et divers secteurs des Laurentides connaissent régulièrement des périodes de la crue de leurs cours d’eau et subissent des inondations. Si les dommages psychologiques que subissent les individus, ainsi que celles qui affectent les infrastructures sont bien tangibles, qu’en est-il des impacts moins visibles sur la qualité des eaux souterraines? Une équipe de chercheurs de l’IRNS propose de se pencher sur cette question.
« C’est un projet qui débute », déclare Geneviève Bordeleau, spécialiste en hydrogéochimie, professeure et chercheuse à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), qui précise que l’hydrogéochimie est l’étude de la qualité des eaux souterraines. Les professeurs Karem Chokmani de l’INRS et Roxane Lavoie de l’université Laval, ainsi que l’entreprise Géosapiens collaborent au projet qui à terme veut développer un outil d’aide à la décision et qui, selon l’INRS, servira à évaluer les risques de contamination de l’eau souterraine en zone inondée.
Des travaux qui ont été menés à Madagascar, une île de l’océan Indien qui fait partie du continent africain avaient montré que des inondations avaient eu un impact considérable sur la qualité des eaux souterraines. L’idée est venue de transposer le tout au Québec où plusieurs régions sont régulièrement touchées par des inondations d’envergures.
La professeure Bordeleau explique que l’attention est souvent mise sur la surveillance des eaux de surface. On veille notamment à la présence de produits chimiques contaminants ou de débris qui viendraient obstruer des embouchures. Il existe des normes en la matière qui régissent les eaux de surface. Mais trop peu d’attention est portée aux sources contaminantes qui demeurent sur les lieux une fois que l’eau s’est retirée.
C’est ainsi que toute sorte de produits résultants des activités humaines en surface, et même aussi des activités naturelles peuvent causer un impact sur la qualité de l’eau souterraine.
Un exemple concret est celui d’un puits de surface privé qui constitue la source d’eau potable d’une ou de plusieurs résidences. Quelle est la distance entre ce puits et la rivière qui a débordé? Comment peut-on s’assurer que l’eau d’un puits n’est pas affectée par des produits résiduels transportés par les eaux et demeurés sur place? Ces produits peuvent-ils pénétrer dans le sol et souiller les sources d’eau souterraines, même une fois que l’eau da la rivière a retrouvé son cours régulier?
Autre problématique en plus de la distance, pendant combien de temps après une inondation un puits privé peut-il subir les conséquences d’une inondation? Est-ce en termes de mois ou d’années? Qu’en est-il de la présence d’installations septiques non saturées qui auraient subi l’impact d’une inondation? Peuvent-elles contaminer une nappe d’eau souterraine?
En termes plus précis, il faut reconnaître que certaines sources d’eau potable manifestent une vulnérabilité qu’on sous-estime. Il s’agira donc d’étudier à la fois les conséquences d’une contamination directe en surface, ainsi que celles des contaminations indirectes, moins apparentes, mais toutes aussi réelles, par le biais d’infiltrations jusqu’aux nappes phréatiques.
La professeure Bordeleau informe que le projet pilote s’étalera sur deux années et qu’on ciblera deux régions du Québec qui n’ont pas encore été choisies. L’équipe de chercheurs espère qu’il sera alors possible de transposer une partie des résultats à l’ensemble du Québec.
On rappelle que les régions de l’Outaouais et des Laurentides ont été durement touchées par des crues d’envergures. Il nous vient immédiatement à l’esprit la rivière des Outaouais, la rivière Gatineau, la rivière Petite-Nation, la rivière la Lièvre, la rivière du Nord, la rivière Rouge qui subissent des crues parfois spectaculaires qui forcent les résidents à prendre des mesures draconiennes.
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