Étude du ministère des Forêts et de la Faune
Au Québec, plus d’un chasseur de cerfs sur cinq est outaouais
Les statistiques provinciales 2023 sont tombées, fin janvier, quant au gros gibier. En Outaouais, 285 orignaux, 7 294 cerfs et 832 ours noirs furent récoltés, l’an passé. Un millésime sensiblement proche des précédents.
Ces 7 294 chevreuils représentent un chiffre important, mais il convient de le relativiser eu égard à la superficie outaouaise.
L’an passé, 138 000 chasseurs ont traqué le cerf de Virginie. Rien qu’en Outaouais, ils sont 25 000. « C’est un peu plus de 20 %. Une bonne proportion », note le biologiste au ministère des Forêts et de la Faune à Gatineau, André Dumont.
Ce compte-rendu statistique a un but précis. « Chaque espèce fait l’objet d’un plan gérant saisons, armes, quotas. Les chasseurs veulent connaître les résultats des récoltes. On les rend publics à des fins de transparence », indique-t-il.
Visée écologique
La visée écologique se situe dans l’équilibre et la régulation fauniques. « Ces chiffres permettent d’assurer une bonne gestion des espèces et, au besoin, d’ajuster les modalités. Si une espèce est à la baisse, on peut faire une chasse moins permissive. À l’inverse, si une espèce se démultiplie, on va libéraliser son accès. Par exemple, le cerf de Virginie, peut rapidement devenir trop abondant », poursuit-il.
La chasse à l’ours et au dindon sauvage est printanière ; celle à l’orignal et au cerf de Virginie, automnale. Pour l’ours, en 2023, le total d’unités récoltées précité (832) résulte de la chasse (726) additionné au piégeage (106). Et 3 699 permis de chasse à l’ours noir furent vendus en Outaouais (inférieur à 2022).
Dans ces données se retrouve tout gibier de grande taille tué. « Tous les gibiers qui sont abattus en vertu d’un permis spécifique à l’espèce doivent être enregistrés [à l’exception] des petites prises : lièvre, perdrix, gélinotte, etc. », explique M. Dumont.
Le prédateur : l’autre régulateur
La nature giboyeuse ne manque pas de prédateurs : coyote, loup dans certaines portions de notre région ; le lynx roux voire l’ours noir pouvant occasionnellement attaquer de jeunes cerfs. « On estime que pour chaque nouveau-né (cerf), la moitié va mourir dans les premiers mois, principalement de prédation », évoque-t-il.
Le coyote est présent sur tout le territoire outaouais : dans les milieux agroforestier et agricole ; le loup dans les massifs forestiers. « Il n’y a pas de loups dans les champs derrière Buckingham », fait observer le scientifique.
Le loup, de nature plus craintive et méfiante à l’endroit du développement humain, occupe notamment la réserve Papineau-Labelle. On le retrouve davantage au nord de l’Outaouais.
L’orignal, une proie particulière
Parmi les gros gibiers, celui qui a le moins d’ennemis, c’est l’orignal. « L’orignal est prédaté par le loup, mais c’est très marginal. Et ça prend plusieurs loups, qui naturellement évoluent en meute, pour abattre un orignal », confirme M. Dumont, lui-même chasseur d’orignaux.
En Outaouais, pour ce cervidé, le nombre de permis de chasse vendus (5281) a connu un léger frémissement de 5 % à la hausse, en 2023.
Dans notre région, le loup a une taille moindre qu’ailleurs où la survie dépend du gabarit. « Plus on remonte vers le nord du Québec, plus les loups sont gros », nuance André Dumont.
D’autres régulateurs
Parmi les autres explications, l’on trouve les collisions avec les véhicules, les maladies et autres causes. « Pour le cerf de Virginie, très populaire en Outaouais qui constitue la limite nordique de sa répartition, avec notre hiver rude, les cerfs meurent de faim. Avec un hiver doux comme en ce moment, on constate une augmentation. Donc, on va émettre plus de permis pour abattre des femelles », affirme ce spécialiste de la grande faune.
Dans la partie orientale de l’Outaouais, pour les cerfs, la quantité de permis vendus pour l’Outaouais est de 8 249 réguliers et 727 supplémentaires (8 976).
Dans la partie occidentale, le nombre de permis vendus pour la zone : 15 852 réguliers et 651 supplémentaires (16 503). M. Dumont soutient qu’il y aurait « 2,5 cerfs par kilomètre carré à l’est de l’Outaouais et 3,5 cerfs à l’ouest ». L’ouest englobe un périmètre allant de Masson-Angers à la MRC de Pontiac.
On a parlé d’espèces en abondance, mais il souligne qu’en Outaouais, cela ne va pas au-delà. « Sous nos latitudes, on est rarement en surpopulation animale. L’hiver régule », certifie le biologiste.
Notre région représente une zone riche en terres publiques. « C’est un bel endroit pour chasser : pourvoiries, réserve faunique », recense-t-il.
Au Québec, il y aurait 500 000 chasseurs. La France, forte d’une population 8 fois supérieure, en possède environ un million.
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