En direct de Los Angeles
« Tout est possible ici » : un couple de Gatinois ronronne de bonheur sous le soleil californien
Silvie et Loïc, bien connus de certains d’entre vous pour avoir tenu la Pâtisserie basque dans le secteur Templeton Ouest à Gatineau pendant quelques années, prirent la route, en novembre 1999, sans grand but précis à part une volonté de changement et de chaleur. Ce sera finalement la Californie. Un choix qu’ils n’auront jamais regretté. Entretien sur place dans la ville de Culver City au cœur de Los Angeles.
« I love California » martèle l’hymne officiel de la Californie co-écrit par un expatrié canadien Francis Beatty Silverwood. C’est exactement le cri du cœur que pourraient lancer Silvie et Loïc, deux Gatinois qui décidèrent, quelque jour, de prendre la route dans leur Westfalia, un véhicule récréatif légendaire de la marque Volkswagen, vers les États-Unis.
C’est à leur domicile que je les ai rencontrés, le 9 août, dans l’après-midi. L’endroit est un trailer park, un espace communautaire réservé à des maisons mobiles. L’atmosphère paisible de cet ensemble cuisant au soleil tranche avec le tumulte los angélien composé d’automobiles vrombissantes, d’engins pétaradants à deux roues et de trottoirs parsemés de tentes d’itinérants et de déchets sous des nuées de corbeaux.
Le trailer park est quasiment mitoyen d’un cimetière catholique : le Holy Cross de Culver City où repose une kyrielle de stars, de Rita Hayworth à John Ford en passant par l’actrice Sharon Tate froidement assassinée par les adeptes du gourou lugubre Charles Manson, le 10 août 1969…
À l’origine, Silvie et Loïc figurent l’alliance de la Bretagne et de l’Acadie. C’est dans le secteur Templeton-Est que leur nid d’amour se situait à une dizaine de kilomètres de leur commerce : la Pâtisserie basque, de 1993 à la fermeture en 1999.
Ces deux vanlifers avant l’heure restent connectés à la francophonie « Tu vois, la télé ? C’est Radio-Canada. On vit en français », me glisse malicieusement Silvie qui cultive sa singularité également à travers la graphie de son prénom sans « y ».
Le déclic : « mon bikini, ma brosse à dents »
Quand les affaires commencèrent à péricliter, une envie d’ailleurs se fit sentir. Et c’est à ce moment qu’une chance providentielle va leur sourire.
De manière incroyable et à point nommé. « Début 1999, il y a le jeu ‘’Mon bikini ma brosse à dents’’ (inspiré d’une publicité culte avec Dominique Michel) sur le journal Le Droit. Le gagnant recevait un voyage avec Air Canada. J’ai envoyé trois participations. Le jour du tirage arrive. Puis, ils disent ‘’Est-ce qu’elle va avoir son bikini et sa brosse à dents à son comptoir ? Nous allons dans un petit centre d’achat.’’
C’était moi la gagnante ! J’étais la plus heureuse. Je leur ai dit : vous ne pouvez pas vous imaginer, les personnes qui en ont le plus besoin c’est nous, c’est nous », exulte Silvie qui excelle dans l’art de raconter.
Grâce à ce gain, les deux sexagénaires iront à Hawaï. La Californie arrivera quelques mois plus tard au terme d’une exploration du sud étatsunien.
Le coup de cœur au bout de leur périple
Après avoir sillonné et traversé quelques États dont le Texas et la ville de Corpus Christi, c’est finalement dans le Golden State que se produira la révélation. « Quand on est arrivé à San Diego, on a vu la mer, les rouleaux… On a longé jusqu’à Venice Beach et on s’est dit: ça serait peut-être un coin pour s’y installer », se remémore Loïc. « C’est un coup de cœur », complète Silvie.
Généalogie d’une belle histoire d’amour
Au milieu des années 70, la fibre de l’expatriation et de la découverte faisait déjà vibrer le tout jeune Loïc. Il se retrouva en Floride pour étudier l’hôtellerie et travailler dans la restauration. C’est à cette occasion qu’il obtint la Carte verte, le précieux sésame.
Après la Floride, il tenta sa chance à Montréal. Son regard y croisa celui de Silvie. Mais, c’est en Floride que naîtra leur fille aînée qui vit présentement au Québec à l’instar de son frère qui réside en Outaouais.
L’intégration fut immédiate pour Loïc qui jouissait encore de son statut de résident permanent américain malgré une vingtaine d’années passée au Canada. Leur fille aînée était également américaine, droit du sol oblige. Cette dernière put parrainer sa maman.
Si le sieur Loïc a officié principalement dans le milieu de la restauration, Silvie a écumé plusieurs expériences professionnelles diverses. Elle tenait jusqu’à 2020 un café à l’intérieur du complexe des studios Sony auquel, seule, la pandémie aura mis un terme.
Enfin, pour décrire cette rencontre, j’emprunterai les mots de Dominique Barbe, une auteure française, qui écrivit en 1987 dans son livre Le Canada à cheval : «nous dînons […]. Et c’est un sacré bon moment. Leur bonheur et leur équilibre sont communicatifs. » Elle y parlait de Silvie et Loïc…
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